Projets de développement minier à Boffa : Les voix de ceux qui sont affectés

A Boffa, dans la commune rurale de Tamita, à 25 km se situe le district de Soumbouyadi. Dans cette collectivité, les sociétés minières Chalco Guinea Company et Eurasian Resources s’activent pour l’exploitation et l’exportation du minerai de bauxite. Aujourd’hui, à Soumbouyadi, la problématique de la compensation des populations impactées par ces projets miniers constitue une préoccupation majeure.

Pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce processus à Boffa, une équipe d’Action Mines Guinée est allée rencontrer des citoyens impactés.

Mohamed Soumah, la cinquantaine, paysan du village de Soumbouyadi, se souvient comme hier, quand Eurasian a fait la compensation en 2017. Selon lui, avant d’arriver à cette étape, la société « est venue faire plusieurs consultations » avec les villageois.

Mais, déplore-t-il, «elle (Eurasian) s’est beaucoup plus accentuée sur ce qu’elle veut faire pour nous, afin qu’elle puisse commencer le travail

Sur le mode du recensement des biens et de  la compensation, le Sieur Soumah affirme : «nous n’étions pas d’accord tout simplement parce qu’en ce moment, on n’avait pas mesuré l’ampleur du problème. En plus, l’argent qu’ils nous avaient proposé était vraiment petit par rapport aux domaines récupérés ».

Des motifs d’insatisfactions ?

Souvent, dans les collectivités, quand une société minière est annoncée, les citoyens sont contents, parce qu’ils estiment que leur mode de vie va changer de façon progressive. Mais à Soumbouyadi, avant même le début de la production, les populations touchées n’expriment pas de joie quant à l’implantation des projets miniers auprès d’eux. 

 « Ce qui ne nous a pas plu, et même qui n’a pas plu à nos morts, c’est du fait qu’on nous a pris nos champs de cultures au profit des maigres sommes et des fausses promesses. Pourtant, ce sont ces champs qui nous permettent de vivre avec nos familles pour toujours », se désole Mohamed Soumah, derrière sa paire des lunettes noires.

A la question de savoir comment ils ont été compensés, notre interlocuteur rappelle qu’après avoir délimité leurs domaines à l’aide d’un appareil, des responsables de la société sont revenus un jour avec un chèque. Et cela, raconte Soumah,  a été objet de polémiques pendant toute une journée. Car, certains membres de la communauté ne voulaient pas prendre de chèque et d’autres voulaient  le contraire. Finalement l’argent a été envoyé au village pour payer les ayants droit.

Sur la transparence du processus et le rôle qu’ont joué les autorités locales, Mohamed Soumah est catégorique. « Le processus n’a pas été transparent. Tous nos biens ont été recensés mais ils n’ont pas été tous pris en compte lors de la compensation », regrette-t-il avant d’accuser les chefs d’être au solde de la société. « A vrai dire, nos autorités ne nous ont pas défendu dans ce processus. Nous avons formulé plusieurs plaintes. Même le nouveau préfet de Boffa est venu dialoguer avec nos sages, tout ce qu’ils ont pu nous dire, c’est que ces terres appartiennent à l’Etat ».

Aliou Diallo et Ibrahima Kourouma

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