Gestion du FODEL à Boké : le Président du CAGF se félicite du résultat, Dabiss le mauvais élève

En 2020, la préfecture de Boké a bénéficié plus de 41 milliards GNF comme fonds de développement économique local (FODEL). Cet appui financier est destiné à l’accompagnement des préfectures minières pour la réalisation d’ouvrage sociaux et économiques ainsi qu’au soutien des groupements de jeunes et des femmes des collectivités impactées.

Spécifiquement, ce fonds est destiné au financement de projets relevant des domaines d’intervention comme le développement des infrastructures et des équipements de base, le développement des services sociaux de base et l’amélioration du cadre de vie, la promotion de l’emploi local, le développement de l’économie locale, la réalisation des projets d’intercommunalité et le développement du capital humain.

Pour comprendre l’état de la mise en œuvre du FODEL à Boké, Action Mines Guinée s’est entretenue avec le Président du comité d’appui à la gestion du Fodel (CAGF), Aboulaye Gneissa.

AMINES : Quel est l’état de la mise en œuvre du FODEL à Boké ?

AG : Parler du fonds de développement économique local (FODEL) à Boké, c’est une immense joie pour nous. Parce que ce fonds permet de soutenir le développement à la base. La préfecture de Boké a bénéficié d’une importante somme d’une valeur de 41 337 282 659 GNF (quarante un milliard trois cent trente-sept millions deux cent quatre-vingt-deux mille six cent cinq neuf francs guinéens). Boké n’a jamais eu une telle somme dans son histoire. Pour cela, comme le FODEL a commencé par Boké, on veut honorer la confiance placée en nous. C’est un premier coup, et c’est une première réussite.

Alors, dans la préfecture de Boké, il y a 394 groupements d’intérêt économique (GIE) des femmes et des jeunes qui sont financés par le FODEL. Parmi eux, il y a 200 projets pour les jeunes et 194 pour les femmes. Ces GIE évoluent dans tous les secteurs d’activités (agriculture, élevage, saponification, transformation, etc.). Nous les finançons en fonction de leur projet après qu’ils aient présenté tous les documents juridiques (l’extrait du procès-verbal du groupement, le statut et l’agrément délivré par le préfet), et le projet à financer. Nous les donnons le montant total du projet sur une échéance de trois ans. Donc, en trois tranches. Aujourd’hui, nous disposons les projets de ces 394 entités. Il y a des sections qui travaillent sur ces projets. Les autres membres peuvent s’absenter, mais les membres du secrétariat permanent sont présents tous les jours. Nous sommes très contents de votre arrivée parce que c’est ici la source. A Kolaboui centre, nous sommes en train de faire dix logements sociaux qui finiront bientôt (chambre, véranda et douche). Ici, nous ne décaissons pas si le premier financement n’est pas utilisé à 60% dans la réalisation du projet. Cela retarde parfois le travail, mais c’est une question de prudence. Vous pouvez aller voir les réalisations dans les collectivités.

Nous étions en mission avec le Monsieur le préfet dans toutes les collectivités où nous avons rencontré les groupements de jeunes et de femmes. Nous avons vu les projets sociaux et les projets économiques. Le résultat est extraordinaire !

Peut-être d’ici la fin de ce mois (décembre 2020), nous allons vous inviter à visiter toutes ces collectivités pour que vous puissiez voir toutes les réalisations du fonds FODEL. Pour toutes les collectivités de Boké, nous avons financé 56 projets dont 28 projets sociaux. A Tanéné, il y a dix boutiques déjà finalisées. Dans toutes les collectivités que nous avons visitées, les citoyens étaient émus de joie due à leur satisfaction vis-à-vis du travail réalisé avec ce fonds. A Katougouma, dix boutiques sont en construction et le hangar du marché aussi. A Kanfarandé, avec le fonds FODEL, on a fait une dizaine de pirogues avec des moteurs hors-bords pour les citoyens.

 A chaque trois mois, on fait un rapport. Et nous sommes sur le dernier rapport avant le rapport général qui sera présenté au 31 mars 2021.

Quels sont les défis que vous avez rencontrés dans ce processus ?

D’abord, nous accédons difficilement aux zones où certains groupements ont réalisé leur projet. Nous sommes obligés de garer le véhicule et marcher de cinq à six kilomètres avant d’arriver sur le site.

Ensuite, comme c’est la première fois, les populations ne sont pas tellement initiées par rapport à l’utilisation du FODEL. A cet effet, parfois après les visites, nous réunissons les citoyens pour leur donner quelques explications sur le FODEL (les projets sociaux et les projets économiques, par exemple). C’est pour que dans deux ou trois ans, que tous les citoyens bénéficient de ce fonds. Il y a aussi des responsables qui soutirent de l’argent aux groupements mais nous allons mettre fin à cela. Nous sommes dotés d’un véhicule mais nous prenons des risques pour aller en pirogue dans certaines collectivités, comme Kanfrandé.

 Quelles leçons tirez-vous de cette nouvelle gestion au niveau des collectivités ?

A ma vision personnelle, c’est une nouvelle expérience. Malgré que ce fût une année d’essai, on a réussi. Si vous prenez la plupart des projets de cette année dans toutes les collectivités, nous sommes à 90% de réalisation. Par ailleurs, il y a des manquements, mais c’est toujours comme ça. L’œuvre humaine n’est jamais parfaite. Il y a au moins une collectivité (Dabis) où il y a de problème d’argent. Ce n’est pas parce que les maires ont détourné, mais la manière de gérer l’agent. Car ils ne sont pas habitués à gérer de telles sommes. Pour ce cas spécifique, nous sommes en train de prendre les mesures nécessaires. Nous avons connu ces manquements parce que nous faisons le suivi des dépenses.

Alors, qu’est-ce qui n’a pas marché à Dabiss ?

A Dabiss, on a remis les fonds de 2 083 523 330 GNF (projets jeunes et femmes). Au début, on a reçu 69 projets pour Dabiss. Monsieur le maire a pris l’argent, mais nous ne connaissons pas comment il a fait avec cet argent.

En juillet-août 2020, nous sommes allés sur le terrain. Nous avons commencé par quelques collectivités. Nous avons rencontré ceux qui ont reçu l’argent pour leurs projets, on les a demandés combien ils ont reçu et ce qu’ils ont réalisé. Mais nous avons constaté que l’argent a été mangé et rien n’est fait. On s’est retrouvé dans cette situation parce que le comité de suivi n’a pas fait son travail. C’est pourquoi à notre retour, nous sommes partis dans toutes les collectivités pour voir les réalisations, et en plus nous nous sommes focalisés sur Dabiss. A cet effet, nous avons fait un état des lieux dans le deuxième rapport.

Ensuite, nous avons fait des fiches de document en identifiant les responsables de projet de Dabiss. Après, nous sommes partis les voir et leur demander le justif des fonds qu’ils ont reçus. Par cette méthode, nous nous sommes rendus compte qu’il y a près de 500 000 GNF défalqués sur chaque projet jeune et femme. Mais nous ne savons pas qui en est le responsable. Aujourd’hui, l’affaire est déjà dans les mains du préfet. A notre niveau, nous avons fait quand même notre travail. C’est seulement cette collectivité qui a travaillé comme ça.

Comment comptez-vous résoudre le problème de Dabiss avant que ça ne se répète dans d’autres collectivités ?

A ce propos, nous sommes en train de faire un document et adresser au comité interministériel. C’est au comité de décider ce qui va suivre. Nous, au CAGF, nous ne sommes qu’un comité d’appui à la gestion du FODEL. Nous ne gérons pas l’argent. Nous guidons les bénéficiaires à mieux gérer les fonds. Nous suivons le respect du manuel de procédures. Nous ne sommes pas une structure de jugement.

Quelles sont vos recommandations à l’endroit des collectivités ?

Je recommande aux collectivités d’être beaucoup plus responsales, surtout les maires et les membres des comités de suivi. Parce que la confiance, c’est là-bas. Et à Dabis qu’ils acceptent les achats groupés.

Mamadou Aliou Diallo

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