Développement du projet minier de Cobad à Sangaredi : Les citoyens des villages ciblés entre espoir et déception

Installée depuis 2005, la société minière Cobad fait son petit chemin dans  la sous-préfecture de  Sangaredi, région administrative de  Boké. Dans ce projet qui  est en phase de développement depuis plusieurs mois, dans son périmètre, de nombreux villages sont impactés.

Ce  projet qui commence à évoluer  sur le pas d’un  caméléon, est vu par certains citoyens des villages ciblés comme une épine dans la plaie. Pour d’autres, la junior en mines fait beaucoup plus de mal que de l’eldorado. Dans le périmètre de l’entreprise certes, de nombreux projets de développement sont prévus. Dans le cadre du projet de délocalisation de certains  villages, plusieurs citoyens et leurs activités économiques seront touchés.

Selon l’une des victimes, Mamadou Saliou I Diallo citoyen résidant à  Boullèré  depuis 1990, l’installation de COBALT fait beaucoup plus de mal que de bonheur.  Cet homme raconte sa mésaventure et parle des griefs qu’il a  contre  la société.

Pour lui,  malgré le retard accusé  par la société à pouvoir développer ses activités, le début des travaux commence à faire couler d’encre et salive.  « Ils sont venus travailler chez nous et Dieu a fait qu’ils ont touché nos domaines d’activités et ce sont eux qui savent comment ils sont venus, nous on ne sait pas. Nous  souhaiterions  avoir des explications par rapport à leur venue. Parce que,  depuis qu’ils sont là, la destruction de nos espaces agricoles, comme nos forêts, est palpable. Et dans leur pratique, ils ne nous demandent rien et ils ne nous consultent non plus », lamente Saliou I Diallo.

Dans le même ordre d’idée, Mamadou Saliou exprime son ras-le-bol en indiquant que la société n’a pas procédé à la consultation publique  avant de se lancer à la délimitation. « Nous avons juste vu des lignes de délimitation qu’ils ont tracées dans la brousse. Alors que c’est ici  que nous avons trouvé nos arrières grands parents », rappelle-t-il.

Le cri de cœur  d’un exproprié

Le déficit de terre cultivable et de zone d’habitation s’invite. « Nous n’avons plus aucun territoire pour habiter et faire paitre nos troupeaux. Ils n’ont rien promis pour nous dédommager.  Ils nous interdisent même de planter des arbres fruitiers dans nos champs. Le problème est qu’il ne dédommage pas les propriétaires des domaines où il n’y a pas des fruitiers. Dans mes domaines,  j’ai  environ 400 plantes fruitières », se désole Mamadou Saliou I Diallo.                               

Pour lui, la société minière de Cobad ne respecte aucune norme. « Ils m’ont payé une fois 11 millions 700 mille Gnf pour 196 arbres. Une seconde fois, ils m’ont donné 4 millions 500 Gnf pour 55 arbres. Le reste, ils n’ont pas encore payé. Nous sommes vraiment inquiets parce que nous ne pouvons  pas  nous opposer à une société envoyée par l’Etat pour nous exproprier de nos terres cultivables. Si on nous expulse ici, on n’a pas où aller. Nous voulons qu’ils respectent nos droits. Nous ne voulons pas de conflits entre l’entreprise et nous. Pendant que je vous parle, ils sont en train de décaper nos terres avec leurs engins. Ils n’emploient pas nos enfants», s’indigne-t-il.

Les habitants de Bollèré aimeraient que leurs  enfants puissent travailler au sein de la société. Pour eux, ce n’est pas une obligation, mais pour une  bonne cohabitation, ils souhaiteraient voir leurs fils embaucher par Cobad. Par rapport à la question de l’emploi, les citoyens de la zone concernée ont, à un moment donné érigé des barricades pour empêcher les engins de l’entreprise de circuler.

Pour trouver une solution à ce problème, des pourparlers sont en cours entre la communauté et la société.

Les mêmes préoccupations sont posées à Dian-Dian village. Là également, des citoyens se plaignent de la destruction de leurs domaines agricoles et d’élevage par la société. Mamadou Saliou DIALLO, chef secteur de Dian-Dian mosquée et secrétaire administratif du district de Ayekoye explique qu’« ils nous interdisent  de passer par les routes qu’ils ont aménagées. Ils ont pollué nos marigots. Il y a eu  le tarissement  des lits des cours d’eau, la disparition des têtes de sources  caractérisé par une pollution à outrance, sans dédommagement. Bientôt cinq ans depuis que la société a commencé ces mouvements, mais on n’a jamais reçu de fonds liés au paiement de la taxe superficiaire ».

Les raisons de la détérioration de la cohabitation

La cohabitation entre COBAD et les citoyens de Ayekoye n’est pas bonne. Les habitants indiquent que tout ce qu’ils ont obtenu auprès de la société, c’est par suite de manifestations. « Nous avons bénéficié d’une école de trois classes  et une direction entièrement équipé, depuis 2008. Mais cette école se trouve actuellement dans un état délabré, ils ont également promis à notre communauté la rénovation de ce temple de savoir, malheureusement, ce n’est pas encore réalisé », rapporte Ibrahima Camara personne de  ressource du village de  Ayekoye et membre du CCLM.

Dans ce projet qui impacte plus de cinq districts, les citoyens accusent la société de faire un recrutement par affinité et faire de fausses promesses.

« Ils nous ont promis  aussi  un terrain de football, ensuite une route qui mène  Cobad-Sangaredi,…ils avaient dit qu’ils allaient construire un marché avec des hangars. Mais jusqu’à présent nous n’avons rien vu », déplore-t-il,

Les démarches du comité  de concertation des localités minières (CCLM), qui est censé résoudre ce malentendu  ont été sans succès.

Mamadou DIALLO envoyé spécial

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