La Guinée est un pays minier par excellence, avec plusieurs types de minerais. Elle dispose notamment d’environ 40 milliards de tonnes de bauxite, 20 milliards de tonnes de fer, du diamant, et de l’or selon rapport 2021 de l’ITIE Guinée. L’exploitation minière contribue au développement économique du pays, mais les effets de cette exploitation constituent l’un des éléments néfaste du réchauffement climatique. Au delà du fait que la Guinée est menacée par l’avancée de la désertification, l’exploitation minière est aussi à la base de la destruction du couvert végétal, de la disparition des cours d’eau. Causant la rareté des terres cultivables et des pâturages, sans oublier la coupe abusive du bois pour les besoins domestiques. Ces actions ont pour conséquences, le manque d’eau, l’irrégularité des pluies, les inondations, l’insuffisance de nourritures dans certaines régions, des maladies hydriques et pulmonaires et une augmentation constante de la température. Ces impacts doivent être minimiser. Cela passe notamment par la prise en compte de la transition énergétique qui est envisagée comme une des solutions au changement climatique.
La transition énergétique peut être définie comme le passage des énergies polluantes vers les énergies propres ou moins polluantes. La Guinée est aussi reconnue comme ayant le plus grand potentiel hydroélectrique d’Afrique de l’Ouest, estimé à plus de 6 000 MW, selon une évaluation des opportunités du marché des mini-réseaux en Guinée, réalisée en juin 2020 par le Fond des énergies durables pour l’Afrique et la Banque Africaine de développement. Le solaire est également prometteur en Guinée, le pays bénéficie d’un gisement solaire moyen de 2 100 kWh/m2/an.
Le climat, de type tropical, est caractérisé par une saison sèche qui dure de quatre à sept mois et une saison pluvieuse de cinq à huit mois selon les régions naturelles décrites ci-dessous. La pluviométrie moyenne annuelle est égale à 1 651 mm et varie de 1 200 mm en haute Guinée à 4 200 mm en basse Guinée. Les températures moyennes annuelles sont comprises entre 21°C et 27°C. L’humidité relative moyenne annuelle de l’air est supérieure à 60%, avec un minimum de 29% en moyenne Guinée (Labé) et un maximum de 98% en basse Guinée (Conakry). L’évapotranspiration moyenne annuelle va de 1 500mm à 1 650mm. Les vents dominants sont la mousson et l’harmattan, soufflant de l’océan Atlantique et du Sahara respectivement.
Pour la Guinée, la transition énergétique est une opportunité de développement mais aussi un défi. Les guinéens prennent conscience des enjeux des énergies renouvelables et des initiatives solides commencent à se construire. Le 28 aout 2024, le Ministre de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures, a posé la première pierre des travaux de construction de la première centrale solaire de notre pays d’une capacité de 100MW, à Karfamoriah dans la préfecture de Kankan. En posant la première pierre de cette centrale solaire, la République de Guinée franchit une étape cruciale vers un avenir énergétique durable. Cet acte symbolique marque non seulement le début d’un projet ambitieux, mais aussi l’engagement indéfectible du gouvernement à faire face aux défis climatiques et à promouvoir une croissance économique verte.
C’est une opportunité aussi, parce que pour faire la transition énergétique, nous avons besoin d’une source d’énergie comme le solaires, l’éoliens, l’hydraulique et pour fabriquer ces sources d’énergies, nous avons besoin de ressources minières spécifiques.
Au-delà de l’exploitation de la bauxite qui produit l’aluminium, le pays dispose de plusieurs autres minerais de transition à l’image du graphite, du nickel. Le monde doit cesser de brûler des combustibles fossiles. Le changement climatique est déjà en cours et pour éviter les pires conséquences, nous devons accélérer la transition équitable vers une énergie plus propre et plus sûre. Et grâce à l’adoption des technologies d’énergie renouvelable, la Guinée comme les autres pays du monde va troquer sa dépendance à l’égard d’un ensemble de ressources naturelles contre un autre. Il est estimé qu’il faudra multiplier par six la production de minerais tels que le cobalt, le lithium, le nickel et le cuivre pour produire, transporter, stocker et utiliser l’électricité générée par des énergies plus propres comme le vent, l’eau et le soleil.
Nous avons besoin de la bauxite transformer en aluminium et pour fabriquer les batteries pour les voitures électriques, on a besoin du cobalt et le graphite. Ce graphite existe en Guinée car il y a un projet en développement à Lola. Les sources auprès du ministère des Mines et de la Géologie révèlent les indices du l’lithium. Donc la transition énergétique est une opportunité de développement pour la Guinée si toutes ses ressources sont mises en valeur.
Facteur empêchant la Guinée de saisir les opportunités de la transition énergétique :
La Guinée n’a pas encore de politique nationale pour la transition énergétique, et tant qu’il n’y a pas cette politique officielle en matière de la transition, le pays ne pourra pas comprendre ce qu’il gagne et ce qu’il perd. Donc il faut construire cette politique qui pourra déterminer les grands axes comme les défis, les opportunités et les difficultés.
En matière d’engagement : la Guinée est entrain d’élaborer une loi sur les énergies renouvelable, cette loi sur le secteur de l’Energie, va comporter un aspect énergie renouvelable, mais avant cette élaboration, la Guinée s’est engagée à développer la centrale solaire en haute Guinée. Il faut retenir que la Guinée est un pays qui abrite beaucoup de barrages hydroélectriques et les barrages ne pollues pas.
L’accélération de la transition énergétique serait une bonne opportunité pour la Guinée, elle peut profiter pour développer les sources d’énergies comme le solaire et l’éolien pour réduire le réchauffement climatique qui est une réalité à la fois mettre en valeur les ressources minières comme le graphite, le cobalt, le lithium qui participent à la transition énergétique et qui peuvent contribuer à augmenter ses revenus.
Comme défis, on peut dire que la Guinée est confrontée à plusieurs facteurs d’aggravation du réchauffement climatique. Le pays connait l’exploitation minière artisanale et industrielle et beaucoup d’autres activités anthropiques dont la culture sur brûlis, les activités de coupe abusive de bois pour le charbon et l’utilisation du bois à d’autres fins. Il faut signaler qu’il y a une forte pression sur l’environnement.
La Guinée n’a pas une véritable connaissance sur ses minéraux de transition à l’exception du graphite qui est déjà en phase de développement ainsi que la bauxite et le fer qui sont déjà en exploitation depuis longtemps. Les autres c’est juste les indices que les études ont révélés et pour découvrir tout le potentiel en ressources énergétique, il faut mener une campagne de recherche géologique.
Les défis environnementaux : en parlant de défis environnementaux, aujourd’hui beaucoup se posent la question pour dire est-ce qu’il y a une énergie propre, il n’y a pas d’énergie propres parce que pour obtenir ces ressources dites énergétique, il faut détruire l’environnement. On peut dire sur ce plan que la transition énergétique risque de créer des problèmes plus qu’elle n’en résout.
Les défis sociaux : au Congo, l’exploitation artisanales de ses ressources énergétique comme le cuivre, le cobalt, se fait dans les conditions sociales qui ne répondent pas aux règles de santé sécurité, il y a les enfants et les femmes qui travaillent dans les mines, il y a même les groupes rebelles qui se forment dans ces zones minières., Donc la transition énergétique risque de créer d’autres conflits sociaux dans les pays qui n’ont pas de véritable institution de gouvernance comme la Guinée, car aujourd’hui au Congo, tu as 10kilo de cobalt tu as prêt de 300 dollars. Ce sont des ressources qui alimentent des sites de guerre et des ressources qui peuvent être exploiter avec des réseaux de groupes armés, l’exploitation de ces ressources énergétiques mobilisent les femmes et les enfants.
Une stratégie d’exploitation des minéraux verts : Avant de commencer à exploiter ces ressources, la Guinée doit mettre en place une véritable politique et un cadre juridique qui peuvent être différents du code minier actuel, car ce sont des ressources à part. Donc il faut mettre en place un cadre juridique propre à ses ressources mais aussi mettre en place une stratégie de gouvernance de ces ressources.
Le rôle de la société civile : la société civile doit avoir un rôle d’alerte de veille et de suivi car ces ressources de transition peuvent faire l’objet d’une exploitation artisanale. Ce sont des ressources qui peuvent être exploiter par des groupes armés, donc la société civile doit alerter le gouvernement. D’abord elle doit renforcer ses capacités sur la connaissance de ces ressources et elle doit avoir le rôle d’alerte pour tous les risques sociaux, conflictuel, les risques de violation des droits de l’homme liés à l’exploitation de ces ressources afin d’anticiper les solutions.
Le rôle du gouvernement : le gouvernement doit mettre en place un cadre de gouvernance et juridique approprié.
L’adaptation de la formation professionnelle des jeunes à la transition énergétique : cette transition va demander de nouvelle compétences. Aujourd’hui en Guinée nous avons pas mal de connaissance en ce qui concerne les panneaux solaires, mais nous n’avons pas de connaissances sur les éoliens, sur les batteries et les véhicules électrique. Il n’y a pas assez de voitures électriques en Guinée aujourd’hui. Donc dès que tous cela va rentrer en compte, on peut dire qu’on ne va plus utiliser les voitures à essence, et cela va demander de nouvelles compétences en ce qui concerne la réparation de ces véhicules. Cela pourrait demander de nouvelle connaissance à développer partout en Guinée pour réparer toutes ces nouvelles technologies (machine).
La transition énergétique vient avec de nouvelles connaissances , de nouveaux modes de vie, de nouvelles formations et de nouvelles opportunités. donc, l’état doit créer les écoles professionnelles adapter à tous ces éléments.
Comment faire pour développer les secteurs des énergies renouvelables : pour développer ce secteur, il y a beaucoup d’éléments à l’intérieur, donc il faut des financements très lourds, car faire les centrales solaires coûtes très chers, ils ont une durer de vie limitée et ce sont des centrales qu’il faut entretenir à chaque fois, donc il y a un coup lié à ces centrales. Il faut noter que la transition énergétique à un coup très élevé, pour cela l’état doit mettre en place un plan de financement pour ces nouvelles sources d’énergies parce que la Guinée n’a pas assez de moyens. Il faut trouver les financements nécessaires, mettre les formations appropriées pour entretenir ces panneaux et centrales mais également sensibiliser la population sur leur utilisation car cela va demander du changement de comportements au niveau des Hommes. Et aussi il faudra s’adapter à leur capacité. Ce qui veut dire qu’on va éteindre les ampoules, les climatiseurs, etc. C’est pourquoi on dit que la transition énergétique ce n’est pas seulement l’abandon des énergies fossiles pour les énergies propres mais c’est une transformation systémique. Une transformation sociétale, un mode de vie qu’on doit changer pour s’adapter aux nouvelles exigences des énergies renouvelables en termes de capacités.
Il y a des débats qui se posent aujourd’hui concernant une transition de substitution, de rupture et mixtes : il y a des pays qui pensent qu’il faut abandonner les énergies fossiles pour aller directement vers les énergies propres et cela est un risque compte tenu de la rareté de ces ressources de transition et par rapport à leur coût élevé. Certains prônent pour un changement progressif, et d’autres parlent de mixte énergétique, c’est-à-dire on abandonne pas totalement le thermique, on fait les deux à la fois. Comme la France, au début elle voulait totalement abandonner tous ce qui est centrales thermiques et nucléaire mais à la fin elle ne pouvait pas et aujourd’hui elle prône pour le mixe énergétiques elle va développer les deux à la fois. Donc c’est pour dire que la Guinée ne peut pas abandonner directement mais elle peut développer le mixe énergétique en attendant.
Les recommandations au niveau des parties prenantes (l’état, la société civile, les partenaires technique et financiers) :
La Guinée doit mettre en place un cadre stratégique d’orientation car la question de la transition énergétique est multidimensionnelle. Chacun ne peut pas évoluer de façon individuel, il faut qu’au niveau de la primature qui coordonne l’action gouvernementale, qu’il ait une déclaration de politique en matière de transition énergétique qui donne le capte et les objectifs à atteindre, qui donne les grandes orientations et ensuite tous les autres départements élaborent leur propre stratégie en s’alignant sur la stratégie de la primature comme :
Le ministère des mines, qui peut être impliqué car les entreprises minières sont des plus grosses pollueuses. Elles ont des cités qui ne sont pas brancher au réseau de EDG. Elles ont leurs groupes électrogènes qui fonctionnent avec de l’essence. Elles ont des véhicules, des camions qui aussi fonctionnent avec de l’essence et d’autres machines. Donc on ne peut pas parler de transition énergétique sans parler d’un plan de décarbonation de l’exploitation minières c’est à dire la réduction des émissions de CO2. Elles auront désormais des cités qui vont fonctionner avec des panneaux solaires, elles utiliseront des véhicules électriques.
Le ministère de l’environnement doit être impliqué également, il doit aussi élaborer un plan de réduction des effets du changement climatique à travers l’atténuation et l’adaptation.
Le ministère de l’énergie pourra faire sa loi sur les énergies renouvelables.
Le ministère de la promotion féminine : la transition énergétique risque de créer des inégalités entre les femmes, aujourd’hui ce n’est pas tout le monde qui a accès à l’électricité donc si nous décidons d’abandonner l’électricité pour aller vers l’énergie renouvelable, l’inégalité à l’électricité va s’aggraver car ce n’est pas tout le monde qui aura les moyens de se payer un panneau solaire qui coute entre huit à dix millions de francs guinéens. La transition énergétique risque de porter atteintes à des groupes sociaux vulnérables comme les femmes. Elles doivent être obligées de modifier leur mode vie; pourtant, les femmes sont les premières utilisatrices de l’électricité, ne ce reste que pour les ménages. Donc il faut que la transition énergétique tienne compte de ces groupes sociaux en les intégrants dans tout le processus, en tenant compte de leur besoin si on veut que la transition énergétique soit inclusive juste et durable., il faut qu’on tienne compte de tout le monde même les personnes handicapées.
En somme, avec l’accélération de la transition énergétique et numérique, les besoins mondiaux en minerais critiques connaissent une croissance exponentielle ces dernières années. La Guinée, qui dispose de larges réserves encore assez peu exploitées, espère profiter de cette opportunité pour soutenir sa trajectoire d’industrialisation. Pour cela, une politique claire doit être définie à cet effet et soutenue par une réelle volonté politique avec le concours de toutes les parties prenantes.
Fanta Camara