La ville minière de Fria autrefois appelée « petit Paris » traversé une crise indescriptible suite à l’arrêt de l’usine Rusal Friguia entre 2012 et 2017. Après six (6) ans de période sombre, l’usine a été relancée en en 2018 sous le signe de l’espoir et de la renaissance. De cette date à nos jours, l’espoir tant suscité chez les Friakas a du mal à se faire ressentir. Dans ce bulletin de septembre 2021, Action Mines Guinée donne la parole au directeur préfectoral des mines de Fria. Amadou Ciré Diallo fait l’état des lieux des entreprises minières, les relations entre celles-ci et les communautés et surtout le statut de Rusal Friguia par rapport aux autres sociétés minières dans le cadre du fonds Fodel.
Vous êtes le premier responsable de l’exploitation minière à Fria, cette préfecture qui abrite l’une des plus vieilles entreprises du pays, quel est l’état des lieux de l’exploitation dans cette zone ?
Merci pour cette opportunité, il faut retenir que c’est la première usine d’alumine en terre africaine, c’est une fierté. L’exploitation a commencé avec l’entreprise Pechiney après il y a eu ACG et après est venue Rusal qui exploite maintenant les gisements bauxitiques de Fria.
En 2012, comme vous le savez y a eu un arrêt des travaux pendant 6 ans et après les travaux de réhabilitation ont repris en 2017 et maintenant l’usine en pleine phase de production et c’est la seule en phase d’exploitation présentement à Fria. Sinon il y a d’autres sociétés qui sont en construction comme Kimbo sa qui est bénéficiaire d’une concession minière dans le cadre de l’exploitation de la bauxite dans un premier temps et c’est prévu aussi dans leur emploi la construction d’une raffinerie. Ils ont commencé par le port minéralier sur la Fatala, ça c’est fini, ils sont sur la route minière déjà dans la zone de Fria précisément à Tormelin. En ce qui concerne les sociétés qui vont bientôt entrer en phase d’exploitation, il y en a cinq (5) ou six (6). Les autres ce sont les sociétés en phase de prospection parmi lesquelles on peut citer EURASIAN RESSOURCE c’est entre Banguiné et Baguiné (ndlr.) Télimélé il y a Acsice Fria, Dubréka et Boffa. Il y a aussi Ashapura dont une partie du permis couvre Fria vers Tromelin et en fin une autre qu’on appelle la société guinéenne d’investissement et de financement.
En ce qui concerne les titres miniers, on peut accorder à une société un permis minier couvrant plusieurs préfectures. Mais c’est en fonction de la superficie et après prospection et la présentation des résultats qu’on déterminera réellement où se trouve le gisement. A cette phase, ils sont en phase de prospection donc ils peuvent venir rencontrer les autorités comme si c’est une location pour payer ce qu’on appelle les taxes superficiaires. C’est le cas des sociétés que je viens de citer. Présentement, il n’y a que Rusal Friguia qui exploite.
Quelles sont les relations qui existent entre vous administration minière et l’entreprise ?
Il faut reconnaitre que nous avons des difficultés avec Rusal, on ne peut pas tout dire mais les termes ne sont pas aux beaux fixes avec Rusal. Mais avec les autres entreprises tout va bien pour le moment.
Qu’est-ce qui pourrait être à la base de cette situation ?
Vous savez avec les russes ont un comportement, je ne sais pas mais ce n’est pas facile. Depuis la reprise des travaux nous avons des difficultés avec les russes surtout nous en tant que services déconcentrés.
Est-ce qu’elle paye la contribution au développement local ?
Oui, elle paie les taxes. Vous savez, Rusal est différente des autres sociétés qui sont là présentement. Parce qu’au moment où on fixait leur convention, le code minier actuel n’existait pas. Vu le temps et les modalités qui ont servi de base à l’époque, elles sont différentes de celles d’aujourd’hui en fonction du code minier. C’est pourquoi il y a une différence, ils payent les taxes qu’on appelle les impôts locaux. Ils le payent au niveau de la préfecture. Malgré la crise, elle avait continué à payer. cette taxe.
Vous parlez de difficultés avec Rusal, est ce que vous avez remonté cette information au niveau des autorités et quelle a été la suite ?
Nous remontons les informations toujours à qui de droit. La hiérarchie dit que les dispositions seront prises.
Il y a de cela combien de temps maintenant depuis que les difficultés ont commencé ?
Les difficultés ont commencé depuis la reprise des travaux mais on peut noter quelques améliorations sinon avant l’arrivée du nouveau préfet, les relations n’étaient bonnes. Pour poser des actes comme venir en aide aux communautés dans le cadre du développement par exemple nous sommes la porte d’entrée entre eux et l’administration ils ne nous considéraient pas. En principe avant d’aller voir le préfet qui est l’autorité centrale qui représente toute l’administration, on doit d’abord se mettre en rapport avec le service technique notamment DPMG mais c’est le contraire qu’on voit. Ce service doit être la porte d’entrée pour tout ce qui concerne les sociétés minières. Mais avec Rusal c’est le contraire.
Vous estimez que c’est le cas aussi avec le gouvernement ?
Non, je pense que tel n’est pas le cas avec eux.
Vous êtes le représentant du département des mines à Fria et c’est lui qui pilote non seulement la mise en œuvre du contenu local mais aussi les questions d’emplois notamment la sous-traitance qu’en est-il de ce problème à Fria ?
Le cas de Rusal est particulier car tout est flou. Pour ne pas que je vous donne des informations qui ne sont pas fondées. Je peux vous dire réellement comment se passe à l’intérieur de l’usine. Avec les russes surtout avec les entreprises locales(sous-traitance) et non seulement les services déconcentrés ne sont pas impliqués dans leur démarche mais aussi les problèmes d’emploi sont souvent réglés au niveau ce qui est contraire à la procédure.
Il vous arrive aussi de vous intéresser aux relations qui existent entre l’entreprise et les communautés ?
Dans le cadre du développement local comme l’explique le protocole d’abord entre l’entreprise et les communautés impactées par les activités, Rusal paye les taxes et au-delà elle assiste aussi la population à travers les projets sociaux comme les forages, l’aménagement des pistes rurales et d’autres dons alimentaires. En plus, une inspection est prévue sur terrain dans peu de temps pour réévaluer le niveau d’impacts surtout les nouvelles zones en vue de les prendre en compte.
Quelles recommandations adressez-vous à l’entreprise d’abord et puis aux autorités par rapport à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs et celles des communautés ?
Ma recommandation à l’endroit des sociétés surtout celles en phase de prospection, c’est de commencer dès maintenant à prendre les mesures nécessaires dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie des travailleurs et celles de la population et surtout à la société Rusal de façon particulière car les routes sont vraiment dégradées.
Et de l’autre côté, ce sont les conditions sanitaires qu’ils faut améliorer surtout avec les pollutions de l’air, la santé des travailleurs etc.
Boè Boè Beavogui