L’exploitation artisanale cause d’énormes impacts sur la scolarisation des enfants et des jeunes à Siguiri. AMINES a tendu son micro à plusieurs acteurs du secteur. Suivez ce qu’ils ont dit.
Issa KOUYATE, directeur préfectoral de l’éduction par intérim de Siguiri.
Impacts de l’orpaillage sur l’éducation des enfants
« L’orpaillage a beaucoup d’impacts sur l’éducation des enfants. C’est le problème réel de l’éducation à Siguiri. Parce que, les enfants sont habitués à l’argent facile. Du coup, ils préfèrent suivre les parents dans les mines plutôt que d’aller à l’école. En réalité, l’enfant ne devrait se concentrer que sur les études mais quand il est impliqué dans la recherche de l’argent dans les mines, cela détourne sa mentalité. Surtout si les parents ne sont pas instruis. Ils se sentent désintéressés par l’éducation de leurs enfants. Mais c’est à la longue qu’ils sentiront les conséquences de cet abandon scolaire. Car certains abandonnent dès au premier cycle, d’autres au second cycle et voire même à l’université sous l’effet de cette activité. Il suffit juste qu’ils voient des objets de valeur avec leurs amis, tout de suite ils descendent dans les mines pour essayer de se trouver de l’or et de se procurer de ces objets.
Conséquences des abandons sur l’avenir du pays
Les conséquences sont énormes, car la réussite d’un pays dépend de sa jeunesse. Si cette jeunesse déroute à bas âge, comment voulez-vous que le pays se développe ? Certes, le souci du gouvernement c’est comment renverser cette tendance, mais il y’a un système de freinage qui n’est autre que les mines d’or. Si les enfants commencent à avoir de l’argent, très tôt, ils n’ont plus le temps pour les études. Pourtant, l’orpaillage c’est juste pour un temps. Cela donne une mauvaise image du pays et compromet l’avenir des jeunes.
Il faudrait sensibiliser ces jeunes pour qu’ils préparent leur avenir plutôt que de se contenter sur une activité qui peut leur donner beaucoup d’argent, mais au bout de quelques jours ils se retrouvent sans sous. Notre combat aujourd’hui c‘est de faire en sorte que les enfants rejoignent l’école et laissent cette activité aux vieux.
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Mais nous, nous avons fait des sensibilisations, et aujourd’hui la pente est un peut remonter et c’est ce qui fait que la ville de Siguiri s’est classée cette année première aux examens nationaux. Ce que les parents doivent savoir, c’est de faire la distinction entre l’intérêt immédiat et lointain. Car, les études représentent l’intérêt lointain tandis que l’intérêt immédiat c’est de descendre creuser dans les trous et ressortir avec de l’or.
Mamoudou Keïta chef section pédagogique, DPE Siguiri
Impacts de l’orpaillage sur l’éducation à Siguiri
« Nous allons aborder cette question sur deux volets. Le premier, sur l’angle économique, nous pouvons dire que l’orpaillage a un impact positif car, dans la plupart de nos communautés, il y’a une insuffisance d’enseignants et pour compenser ce vide, certains enseignants sont recrutés par les communautés .Ces enseignants sont payés, nourris et logés par lesdites communautés. Donc dans ce processus, l’orpaillage facilite beaucoup la mobilisation des fonds.
Maintenant, l’impact négatif qui est à corriger, c’est l’abandon massif des élèves. La ruée vers l’or, l’argent facile à travers le petit commerce sont des facteurs essentiels qui affectent réellement le taux de scolarisation.
« La réussite de nos enfants passe par l’école »
Cette assertion veut tout simplement dire que quand on veut la réussite des enfants, il faut les envoyer à l’école. Avoir l’argent semble important aux yeux de certains. Mais ce qui est plus important, c’est d’avoir demain une personne ressource pour le développement de la nation. Tu peux avoir de l’argent aujourd’hui et être pauvre demain. On a des exemples pratiques avec l’avènement des machines détectrices d’or. Il y’a des gens qui ont eu des milliards à Siguiri et qui sont devenus par la suite pauvres. Ceci est dû au manque d’éducation, d’instruction. Il faut vraiment scolariser les enfants, les soutenir afin que la réussite soit totale. Il ne s’agit pas de scolariser aujourd’hui et d’abandonné demain ».
Recueillis par Aliou Diallo