Soriba Conté, DPMC de Forécariah: Avec Ashapura, « nous ne sommes impliqués en rien en ce moment »

Les activités du gisement de fer de Yomboyéli sont en phase de reprise avec une nouvelle entreprise indienne, dénommée Ashapura groupe services. Ce, après 5 années de fermeture, de l’ancienne société Forecariah Guinée Mining (FGM). Avec la nouvelle donne, une équipe d’Action Mines Guinée est allée à la rencontre du directeur préfectoral des mines, M. Soriba Conté. Avec lui, il a été question d’évoquer leur niveau d’implication dans la reprise des activités minières par Ashapura, les mesures prises pour éviter les problèmes du passé, entre autres. Entretien !

AMINES : Quel est l’état des lieux de la reprise des activités ?

Soriba Conté : L’entreprise n’a pas encore démarré les activités proprement dites. Pour l’heure, elle est en train des réhabiliter les machines dans la cité de la mine et au port.  Le  recrutement n’a pas encore commencé. En tout cas, ils n’ont pas porté ça à notre connaissance.  Au moment où je quittais, c’était l’assainissement des deux cités (la cité de la mine à Yomboyéli et le port de Konta). Ça c’est une main d’œuvre locale qui a été prise pour le nettoyage de la cour. A un moment donné, il n’y avait ni eau, ni électricité. Pour rétablir ces denrées dans la cité, la société a pris des plombiers et des électriciens qui ne sont pas d’ici. Mais je précise que ça ce n’est pas un recrutement.

A quand peut-on s’attendre au démarrage des travaux d’exploitation minière ?

Il a été dit qu’en septembre les choses vont commencer. Mais il faut attendre cette date pour être dans le jeu. Parce que la reprise commence par la réhabilitation de la route. Il y a deux ponts coupés depuis 2013 lors de la rupture de la première société. Et jusqu’ici, cette route n’est pas retravaillée encore. Donc on ne peut pas parler de reprise effective des travaux.

Quelles sont vos relations avec Ashapura ?

Pour le moment, nos relations ne sont pas fondées. On a fait la présentation. Ce sont des montées et décentes. Nous avons envisagé de descendre sur le terrain, très prochainement pour discuter avec eux.

Quel est votre niveau d’implication actuelle dans les activités avant la reprise ?

Nous ne sommes impliqués en rien en ce moment.

Parlez-nous un peu de comment est venue Ashapura ?

Ça c’est le secrétaire général du ministère des mines et de la géologie qui nous a fait un petit briefing lors de la présentation de la société sur le terrain. Il y a eu des démarches entre l’Etat et beaucoup des sociétés qui ont postulé et finalement, c’est Ashapura qui a remporté. C’est jusque-là que je connais. 

L’ancienne société Forécariah Guinée Mining (FGM) et Ashapura ont-elles réalisé d’étude d’impact environnemental ?

L’ancienne société et la nouvelle n’ont réalisé aucune étude d’impact environnemental. Avec FGM, c’est une société que je peux qualifier de politique. Parce que les travaux d’exploration n’étaient pas finis, ils se sont lancés dans l’exploitation. Cumulativement, l’exploration se faisait d’un côté et l’exploitation de l’autre.

Donc, on ne peut pas parler d’étude d’impact environnemental jusqu’à la fermeture de la société.

Avec l’arrivée de Ashapura, quelles sont les nouvelles mesures prises pour éviter les mêmes problèmes avec l’ancienne ?

Le jour où j’ai quitté Yomboyéli, il y’avait beaucoup d’anciens travailleurs qui étaient venus avec leurs documents. Mais jusqu’à maintenant, aucune disposition n’est prise pour cela.

Moi qui vous parle, je vous informe que nous avons  beaucoup des dettes avec l’ancienne société. Les taxes superficiaires de 2013, 2014 jusqu’à 2016 n’ont pas été payées. Lors de la présentation de Ashapura, j’avais soulevé ce problème, mais on ne pouvait pas trouver solution à ça parce qu’il y avait de l’euphorie. C’est pourquoi, j’ai sollicité aller rencontrer le chef de projet pour discuter de tous ces points.

Pour la compensation et la réinstallation des communautés à Laya, quelles sont les mesures prises ?

Avec la nouvelle société, je ne suis informé d’aucune disposition prise pour la compensation et la réinstallation. Quand même, le secrétaire général du ministère avait annoncé que Ashapura va prendre tout le passif de FGM.

Quel est votre cri de cœur pour Ashapura après les leçons tirées de l’échec de FGM ?

Notre souhait est que Ashapura fasse le plus sérieux que FGM. On a fait beaucoup de sensibilisations avant que Ashapura ne vienne. Pour le cas de Yomboyéli, c’est une remise à niveau. Rien n’a été gâté là-bas. Les camions et les machines sont restés intacts. C’est à Konta qu’il y a eu dérangement. Dès qu’on a appris que Ashapura a pris le permis, nous avons été sur le terrain pour faire de la sensibilisation pour qu’il y ait de la quiétude entre la population et la société.

Qu’avez-vous envisagé d’entreprendre avec la nouvelle société ?

Nous envisageons de les expliquer ce qui s’est passé avant. Le comportement de l’ancienne société vis-à-vis de la communauté avant son départ. Que cela ne se répète. C’est prévu, nous n’avons pas encore fait. Même le Directeur régional m’a appelé pour discuter de certains de ces problèmes pareils.

Avec FGM, c’était la pagaille sur le terrain. Ça barricadait par-ci par-là. Il y avait des réclamations partout.

A travers la sensibilisation, nous ne voulons pas que ça se répète encore avec Ashapura. Après 5 ans de rupture des travaux, tout le monde a tiré les leçons, je pense. Ceux qui avaient gouté aux millions de francs guinéens avec payement mensuel, couper ça, c’est pénible. Il faut tirer les leçons pour permettre à l’entreprise de travailler dans des conditions favorables afin que toutes les parties gagnent.

Aliou BM Diallo