« L’exploitation artisanale peut aider à lutter contre l’immigration, la pauvreté et le sous-emploi », El hadj Bakary Diané.

Dans le cadre de ses enquêtes  sur l’exploitation minière, AMINES a eu une rencontre avec la CONADOG (confédération nationale des diamantaires et orpailleurs de Guinée) le jeudi  en juillet 2018  à Banankoro. Le but est de comprendre les difficultés  que rencontrent les masters dans le cadre de l’exploitation artisanale du diamant. Dans un entretien à bâton rompu, El hadj Bakary Diané, le  vice-président, chargé  des affaires sociales  de la CONADOG s’est prêté aux questions de l’équipe d’Amines Guinée.

Comment vous évoluez dans votre activité ?

Pour raccourcir, nous travaillons avec le gouvernement depuis le temps de Sékou Touré  qui nous revend des parcelles. En ce moment, on envoyait des rations aux militaires  et si on avait besoin, on mettait  des militaires à notre disposition  pour sécuriser notre travail. Chaque ingénieur avait une ligne de contrôle  pour enregistrer les diamants après le travail de  la journée et les diamants  étaient  gardés à la SINED.

Au temps du général Lansana Conté, c’était très compliqué pour nous.

Avec l’arrivée de la troisième République, en 2011, nous sommes allés rencontrer le Président Alpha Condé.  Il avait  dit que pour le moment, qu’il  n’octroi à personne une portion de terre, sauf après l’élaboration du code minier.

Il a promis qu’après l’élaboration du code minier, il ferait le découpage des zones et nous serons les premiers à faire le choix parmi les zones. Dès notre retour, par surprise,  le ministère envoie Kaba Guitter pour la limitation entre la société et nous. Guitter Mining  étant le détenteur du permis d’AREDOR, elle a totalement violé  la limite qui existait entre l’AREDOR et nous. Il a planté des Piquets. II a récupéré  des  zones partout où on cherchait  notre petit pain.

C’est dans cette souffrance que nous évoluons aujourd’hui. Contrairement  au temps de Sékou Touré qui nous soutenait. Actuellement, on peut dépenser 400 millions ou plus sans rien voir, car on nous octroie des zones non riches en diamant ou déjà exploitées. Les zones riches sont à la disposition des entreprises et du gouvernement.

Aussi, on a assisté à l’arrivée  d’une nouvelle société détenue par  Kassus. Cette dernière, accompagnée par des membres du ministère nous ont dit que la  zone  où nous travaillons est dans leur  superficie.

Kassus a trouvé que des gens ont  dépensé de l’argent, certains plus d’un milliard GNF, 800 millions GNF, 400 millions GNF, mais qui ont été obligés de quitter  la zone sans avoir le résultat de la dépense. On constate que nous ne sommes pas soutenus au ministère des mines, parce qu’on n’a pas d’argent comme les sociétés.

Avec le premier recensement, Banankoro avait une population de 100 000 habitants. Ces  habitants vivent à travers le diamant, mais comment ces habitants peuvent être empêchés par un seul individu chez le gouvernement ?

Le Gouvernement nous revend des parcelles par an à 2 500. 000 GNF. Après une année, tu seras obligé de faire le renouvèlement  avec un prix  de 3 000 000 GNF contrairement au prix d’octroi.

Certaines disent de manifester pour réclamer notre droit, mais la majorité décide de passer par la communication pour informer le gouvernement  pour que nos droits soient de respectés.

Au temps de Sékou Touré, un ingénieur ne prenait pas de parcelle, mais actuellement tu verras des ingénieurs  qui font le partage  et qui ont  près de 50 parcelles pour leurs partenaires  et qui ne font pas de renouvellement. Ce qui est vraiment déplorable.

Que demandez-vous aux autorités aujourd’hui ?

Nous demandons au gouvernement  de nous aider pour nous faire sortir de cette souffrance. L’exploitation artisanale peut accompagner le gouvernement pour lutter conte l’immigration, la pauvreté, le sous-emploi. Aujourd’hui, l’installation des sociétés  minières a un impact sur l’exploitation artisanale. Depuis l’arrivée de ce gouvernement,  les masters n’ont eu aucune zone pour l’exploitation  artisanale comme promis par le Président de la République. Et pourtant, si le gouvernement nous aide à sortir de cette situation, nous  pouvons aussi l’aider à diminuer le chômage et contribuer à l’amélioration des conditions de vie des citoyens.

Comment faites- vous pour passer cette période  difficile ?

Nous traversons une période de détresse. Parmi nous, il y a des éleveurs et des cultivateurs. Pendant la saison sèche, certains se déplacent  sur Conakry pour rencontrer nos patrons afin de nous emprunter  de l’argent pour travailler. Mais l’argent que nous empruntons des  gens pour travailler ne nous profite pas. Parce qu’on  ne trouve pas de diamant.

Est-ce que vous avez effectué un déplacement vers les personnes responsables à Conakry qui peuvent vous aidez à solutionner vos difficultés ?

Oui, ils sont tous informés  sur  les difficultés auxquelles nous sommes confrontés. Nous avons fait la demande plusieurs fois,  mais on  ne sait pas si les courriers  sont arrivés à destination, car certains déposent les courriers dans les tiroirs. Sinon il y a eu des démarches ici comme à Conakry.

On a même formulé  une demande pour le Président, il y a  certains  membres du bureau à Conakry qui se sont déplacés jusqu’au ministère plusieurs fois.

Nous avons reçu  une délégation par rapport à notre problème domanial qui existait entre Guitter et nous. Cette délégation avait pour mission de départager les domaines où il y avait conflit, malheureusement ça n’a pas abouti.

Après l’exploitation des parcelles, que faîtes-vous pour leur réhabilitation ?

Nous faisons quelques choses à cet effet. Dans notre convention avec  le gouvernement,  une partie du prix des parcelles est allouée à la réhabilitation. C’est ce qu’ils nous ont dit.

Selon vos constat est ce que le gouvernement parvient à faire la réhabilitation ?

Non ! A commencer par  AREDOR jusqu’à maintenant, la réhabilitation n’est pas effectuée. Mais la manière dont nous travaillons ici est différente  de la société. Nous, quand on creuse un trou, après usage, on le remplit avant de faire face à d’autres.

Qu’est-ce que l’État vous  par rapport au fonds versé pour la réhabilitation ?

Chaque fois qu’on pose la question, on nous dit que l’argent est à la banque. Ils disent qu’il y aura une société qui va venir pour réhabiliter ces zones exploitées.

A travers toutes les difficultés que vous avez rencontrées, qu’est-ce qui doit être fait normalement ?

Nous voulons qu’on nous donne des zones déjà exploitées par les sociétés, car seul la main peut nettoyer la roche mère. Améliorer les recherches géologiques pour nous situer dans les zones riches en diamant.

Nous demandons l’implication de tous les acteurs pour la réussite totale de cette activité, car l’exploitation artisanale  est  l’un des pourvoyeurs d’emploi en Guinée.

Entretien réalisé à Banankoro par Aliou BM Diallo, Mamoudou Condé et Mamadou Oury Bah

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