Forécariah : le directeur préfectoral des mines et carrières fait l’état des lieux du secteur extractif

La préfecture de Forécariah est une localité riche en ressources minières notamment du dimant et du fer. Dans certaines localités, des citoyens font l’exploitation artisanale du diamant, et ailleurs, des sociétés minières avaient commencé l’exploitation, mais la durée des travaux n’a été qu’éphémère. Aujourd’hui, les impacts sont visibles partout. Pour connaître les tenants et aboutissants de cette situation, AMINES est allée à la rencontre du Directeur préfectoral des mines et carrières  de Forécariah, Seydouba Conté. Interview !

Quelles sont les principales causes de la fermeture de la société Forécariah Guinea Mining ?

La fermeture est un problème entier dans la mesure où moi-même je ne peux pas définir les vraies causes. Ce que je sais, la société a travaillé au moins trois ans sur le terrain en phase de recherche et d’exploitation.

De 2011 à 2013, la Société évoluait très bien sur le terrain. Et à mi-parcours,  il y a eu des grèves répétées des travailleurs. Et la société a fini par mettre les clés sous la porte. Quand tu demandes, on évoque un problème financier, donc interne à la société.  Depuis le départ des partenaires, leurs installations sont restées sur place. Sur le terrain, vous trouverez encore les engins roulants. Malgré des tracasseries entre population et sociétés, aujourd’hui les sages continuent à faire des prières pour le retour des partenaires et la reprise des activités d’exploitation. C’est le souhait de toute la communauté.

Pensez-vous que la problématique de la base juridique de l’installation de l’entreprise n’est pas l’une des causes de cette fermeture brusque ?

Oui, c’est ce que je vois maintenant. Parce qu’en 2009 on a reçu une délégation chinoise sur le terrain donc il fallait passer par le stade de recherche et ensuite présenter les rapports d’études. Mais en une année seulement, ils sont tombés dans l’exploitation. Donc c’est l’une des causes fondamentales de la fermeture brusque de l’entreprise.

Quelles sont les conséquences de cette exploitation sur l’environnement?

Sur l’environnement, nous constatons un dessèchement total des plantes par ce que quand il y avait exploitation, la poussière n’était pas maitrisée. Le transport s’effectuait aussi par la  voie routière. L’autre facteur, c’est également l’assèchement des cours d’eaux.

Des conséquences sur les communautés notamment sur la vie économique ?

Les conséquences économiques sont énormes. Car une fois goutté à l’argent de la société, celui qui n’avait pas l’habitude de toucher à un million et qu’on le paye deux à trois millions, ça crée de  l’engouement dans la communauté. Brusquement, nous constatons un repli voir même un arrêt des autres activités  au profit de la mine.

Sur le plan économique est ce que l’exploitation n’a pas laissé des conséquences qui empêchent l’agriculture et l’élevage ?

C’est clair, l’exploitation a impacté l’agriculture car les parents avaient abandonné toutes les autres activités au profit de l’exploitation. Mais aujourd’hui ils sont obligés de se retourner à l’agriculture, malgré une certaine paresse.

Faîtes-nous l’état des lieux de l’exploitation artisanale du diamant dans votre juridiction et de vos relations avec ces exploitants !

Tout d’abord la maison qui vous accueille (bureau) a été rénovée par un projet dénommé Tétratech. Ce projet a appuyé aussi les exploitants artisans dans les domaines de la formation et de leur organisation. Nous avions rencontré des difficultés avec les coutumiers parce que la politique du code domanial rend les coutumiers responsables de leurs domaines.

Quand vous partez aujourd’hui sur le terrain pour faire la parcellisation, ils vont fuir. Car il existe une complicité entre les exploitants et les coutumiers qui préfèrent payer 50.000 GNF au lieu de remplir les caisses de l’Etat qui s’élève à 2 500 000 GNF pour les 4m2. Très malheureusement, le projet s’est arrêté à mi-parcours. Pratiquement il existe presque dans toutes les sous-préfectures de l’exploitation artisanale donc il est très difficile de les recenser car ils se déplacent comme des migrateurs.

Quel est l’impact de l’exploitation artisanale du diamant sur l’éducation des enfants ?

L’exploitation n’a aucun impact sur l’éducation des enfants, par ce que l’exploitation artisanale du diamant est très difficile. Donc ils sont obligés de suivre leurs études. L’exploitation artisanale du diamant est une activité réservée à ceux qui ont souvent 18 ans et plus.

Que savez-vous de la gestion de la carrière de Maferinya?

Pour le moment tout se passe bien car elle s’est acquittée de ses taxes de 2017. Mais cette carrière se situe sur un terrain litigieux. Tantôt le ministère de l’industrie se dit propriétaire, tantôt le ministère de la décentralisation et finalement le ministère des mines  a fait un arrêté ordonnant l’arrêt de cette carrière. Après, une mission mixte des dits ministères et celui des travaux publics pour une médiation, mais jusqu’à présent le problème se trouve à Conakry sans solution. Et ça affecte l’économie de la préfecture et même celle nationale.

Comment se passe la gestion des taxes perçues ?

Sur le terrain, nous avons des agents postés qui font le recouvrement et une fois les taxes perçues, on les distribue à qui de droit. Elles sont souvent aléatoires. Mais le mètre cube est à 2 dollars.

Un message aux autorités pour la réouverture de la société Forécariah Guinea Mining ?

Mon souhait ardent est la reprise des activités de la société car ça faisait des retombées pour la commune, la préfecture et même au niveau national. La société créait de l’emploi, et le climat des affaires marchait très bien.

Entretien réalisé par Kessery Zoumanigui et Oury Bah