Comme les autres localités de la préfecture de Boké, la ville de Kamsar a été touchée par des manifestations sanglantes faisant des morts et blessés par balles ainsi que des dégâts matériels immenses.
Pendant cette crise, nombreux sont leaders d’opinions qui ont joués des rôles très importants notamment les organisations de la société civile ou le comité de concertation dans les localités minières (CCLM) dans la gestion de cette crise.
Sékou Oumar Sylla, membre du CCLM note tout d’abord que son organisation animait des séances de sensibilisations sur l’importance de l’exploitation minière et des rapports qui doivent exister entre les sociétés minières et les communautés.
Pour lui, cette manifestation était spécifique de par la nature violente du mouvement au point qu’il a fallu l’intervention des forces de l’ordre pour calmer un peu la situation. « Difficilement les jeunes ont accepté d’écouter pour extérioriser leur colère, notamment la desserte en courant, en eau, le manque d’infrastructures de base et de l’emploi des jeunes de la localité dans les entreprises minières. Il n’y a pas de transparence dans le processus de recrutement et nous remarquons que la majorité des travailleurs des entreprises minières sont venus d’ailleurs. Dans le cadre de la sous-traitance aucune entreprise locale n’est sélectionnée et souvent ses sous-traitants viennent avec leur propre personnel », explique-t-il.
Sylla soutient que l’une des causes principales de cette crise est l’absence totale de l’Etat ou la marginalisation de la jeunesse soit par le gouvernement ou par les sociétés extractives.
Sur la question de l’employabilité des jeunes de Kamsar, il note que la plupart des travailleurs ressortissants de Kamsar sont des agents de sécurité, les postes de responsabilité ont confiés à ceux-là qui viennent des autres localités du pays. « C’est une pratique qui frustre les jeunes diplômés de kamsar qui sont qualifiés pour pouvoir répondre aux besoins des entreprises qui exploitent dans cette zone. Et pourtant le recensement de 2010 donnait près de 13 millions de jeunes chômeurs à Kamsar et le chiffre ne fait que s’agrandir. Guinea Alumina Corporation forme quelques jeunes en informatique, mais rien n’a bougé par rapport à l’emploi », se lamente-t-il.
Parlant de la mise en œuvre des points de revendication des populations, il laisse entendre qu’il y a des quartiers qui n’ont ni poteaux, ni de transformateurs, encore moins une goutte d’eau. « Seulement 4 des quatorze (14) districts de Kamsar sont électrifiés. La GAC et la CBG alimentent les groupes électrogènes sur place, mais comment fournir du courant de façon pérenne aux citoyens de Kamsar, dans la mesure où les gens ne payent pas des factures », s’est interrogé Ibrahima Soumah, secrétaire administratif et mobilisation des ressources de la société civile de Kamsar.
Les tensions existent toujours ?
Les foyers de tension existent toujours, car selon Ibrahima Sylla, il suffit d’enregistrer une petite coupure d’électricité pour que tout le monde sorte en même temps pour réclamer ou vouloir réclamer. L’autre point le plus sensible est le problème d’emploi où les jeunes des autres localités occupent tous les postes de responsabilité.
Sur le mode très violent employé par les jeunes dans les manifestations, le responsable de la société civile regrette ce qui s’est passé et souligne que des jeunes sont actuellement sur le terrain pour sensibiliser leurs camarades pour un changement de comportement. « Il faudrait que nous changions notre manière de manifester pour éviter les violences dans les réclamations. Les jeunes doivent se former, s’informer et se concerter sur ce qui ne va pas, faire des écrits, aller vers les autorités au lieu de descendre dans les rues pour casser tout », conseille-t-il.
Les populations de Kamsar assoiffées de développement doivent faire preuve de plus de responsabilité dans les réclamations pour éviter les violences et promouvoir le développement de leur localité.
Kesséry Zoumanigui