Le partage des 3 milliards 45 millions GNF versés par la compagnie des bauxites de Kindia (CBK) aux collectivités locales pour sa contribution au développement local pour l’année 2015 n’a pas été chose facile. Toutes les communes, la préfecture et ses services ainsi que certaines couches sociales ont bénéficié des largesses de la commission de partage. L’opération s’est tenue le jeudi 3 Aout 2017, à la préfecture de Kindia et a pris toute la journée.
Après plusieurs jours d’attente, de tractations et de doutes, la situation est désormais claire. La répartition de la redevance minière versée par la CBK au titre de l’exercice 2015 aux collectivités impactées par son projet pour sa contribution au développement local est faite. Contrairement aux années précédentes où le préfet faisait le partage, cette année c’est le collège des maires et présidents de délégations spéciales de Kindia qui s’est mis à la tâche. Ce, en présence des sous-préfets, des représentants des services techniques de la préfecture, de membres de la société civile, des médias sous la conduite du préfet.
A l’ouverture de la cérémonie le préfet N’Fasoumane Touré a demandé aux maires et présidents de délégations spéciales de partager le montant étant les destinataires selon la loi. Ils se sont retrouvés à huit clos pendant quatre (4) heures sous la coordination du président de la délégation spéciale de la commune urbaine de Kindia, Abdoulaye Bah. La première grille de répartition a été rejetée par le préfet pour le fait que le service d’investissement de la préfecture n’a pas bénéficié de fonds.
Il y a eu un débat houleux entre le premier responsable de la préfecture et les élus de la localité. El hadj Boussouriou Bah, maire de la commune rurale de Souguéta a dit que son collège n’estime pas nécessaire de doter le service d’investissement qui a l’habitude d’absorber des gros montants sans aucune réalisation sur le terrain. Le préfet quant à lui dit que dans le cadre de la promotion du dialogue, de l’entente et de la solidarité, l’investissement doit avoir un montant. C’est ainsi que le collège s’est retiré pour une deuxième fois pour diminuer un peu partout afin de doter ce service d’un montant de 202 millions de francs guinéens.
Voici la dernière clé de répartition de la subvention de la CBK retenue par toutes les parties prenantes.
– Commune rurale de Friguiagbé 670 millions de francs guinéens ;
– Commune rurale de Mambia 570 millions de francs guinéens ;
– Commune rurale de Bangouya 128 millions de francs guinéens ;
– Commune rurale de Damankania 128 millions de francs guinéens ;
– Commune rurale de Kolentin 128 millions de francs guinéens ;
– Commune rurale de Madina-Oula 128 millions de francs guinéens ;
– Commune rurale de Molota 128 millions de francs guinéens
– Commune rurale de Samaya 128 millions de francs guinéens ;
– Commune rurale de Souguéta 50 millions de francs guinéens ;
– Commune Urbaine de Kindia 180 millions de francs guinéens
– Les neuf(9) sous-préfectures 90 millions de francs guinéens
– Appui à la sécurité (Police, Gendarmerie et la Protection civile) 50 millions de francs guinéens ;
– Appui aux activités de Jeunesse 20 millions de francs guinéens
– Appui à la Promotion Féminine 10 millions de francs guinéens ;
– Appui aux medias publiques et privées 20 millions de francs guinéens ;
– Appui aux confessions religieuses 20 millions de francs guinéens ;
– Fonctionnement de la Préfecture 300 millions de francs guinéens ;
–Investissement de la préfecture 202 millions de francs guinéens ;
–Fonctionnement du service préfectoral de développement (SPD) 20 millions de francs guinéens
–Fonctionnement du conseil préfectoral de développement (CPD) 20 millions de francs guinéens
– Appui au Centre de réinsertion des Handicapés de Kindia 10 millions de francs guinéens ;
Il faut noter que cette clé de répartition n’est basée sur aucune règlementation en vigueur dans notre pays. C’est un partage consensuel du montant qui est pourtant destiné à compenser les impacts négatifs de l’exploitation minière sur les collectivités directement impactées et à acheter la paix et la cohésion sociale.
Au sortir de la salle, Abdoulaye Bah, président de la délégation spéciale de Kindia en même temps président de la commission de répartition a fait savoir que la répartition de cette année est une avancée notoire dans le progrès à Kindia. « Avant c’est seulement quelques personnes qui s’asseyaient autour du préfet pour se partager cet argent. Et personne n’avait son mot à dire. Acceptez maintenant que ce soient les élus locaux en l’occurrence les maires qui se retrouvent pour échanger sur les besoins en vue de repartir l’argent de Kindia, nous sommes contents. C’est une avancée notoire dans notre progrès à Kindia », explique Abdoulaye Bah pourtant farouche opposant de la répartition de l’année dernière.
Sur la question de la gestion rationnelle des montants, le président de la commission de répartition précise qu’une commission de suivi-évaluation sera mise en place par les membres de son collège pour suivre l’utilisation de l’argent selon les besoins prioritaires des populations et évaluer les réalisations faites.
Dans la même lancée, le président de la délégation spéciale de Friguiagbé qui a bénéficié du plus gros montant souligne que la priorité de sa localité est la fourniture des populations du district de Kamarabougni en courant électrique. « Les habitants de Kamarabougni avaient fait une demande avant même mon arrivée et nous l’avons étudié. Nous allons nous consacrer à leur fournir le courant et le reste du montant sera utilisé pour rénover le bureau de la mairie qui est en état vétuste et certaines écoles de la localité », affirme-t-il.
A la question de savoir pourquoi Kindia retarde la mise en place du conseil préfectoral de développement qui doit gérer les redevances, le préfet N’Fasoumane Touré réplique qu’il ne connait pas le contour de la mise en place de cette structure, encore moins ses attributions. Quant à la gestion jugée catastrophique des redevances des années précédentes par ses prédécesseurs, il fait comprendre qu’il n’a pas encore fait le diagnostic de la gestion de ces fonds. Mais, assure tout de même le souhait d’une gestion au bénéfice de tous.
Chaque année depuis 2005, la CBK verse un montant à la préfecture de Kindia pour appuyer le développement des localités impactées par l’exploitation de sa bauxite, notamment à Mambia et Friguiagbè. Mais le constat sur le terrain est alarmant. Malgré des montants faramineux, aucune réalisation digne de nom n’a été faite dans ces différentes localités et les populations continuent de subir les séquelles de l’exploitation. Il est temps que les gestionnaires de ces fonds prennent conscience de cet état de fait afin que les collectivités impactées par l’exploitation minière profitent des retombées positives de cette manne.